Cette Terre by Michel Jeury

Auteur:Michel Jeury [Jeury, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2013-02-24T23:00:00+00:00

Chapitre 16

Le groupe marchait dans la nuit, en terrain découvert. Deux hommes soutenaient Rob, le portant plus qu’à moitié. Betsi et Shriane étaient là aussi. Un des membres du commando lançait de brefs appels dans un talkie-walkie.

Une main s’appuya sur le bras de Rob.

— Ça va mieux, maintenant ? demanda Shriane. Est-ce que tu vois ? Rob n’avait pas encore l’esprit très clair et sa vue était toujours brouillée.

— Oui, dit-il. Je vois un peu.

— On est passés. Grâce à toi.

— Grâce à moi ? fit Rob.

— Ton système pour endormir les chiens est encore meilleur que le gaz. Et plus discret !

— Les chiens ? Je les ai endormis ? Ils ne sont pas morts ?

— Peu importe, dit la jeune femme.

— Moi, j’ai eu très peur, dit Betsi.

« Pauvre Betsi », pensa Rob. Il commençait à comprendre que le combat qu’il avait livré aux chiens était un combat mental. Il avait neutralisé par la puissance de son esprit les bêtes qui se trouvaient sur le passage du commando. Et l’alerte n’avait pas été donnée. Il avait éliminé aussi une sentinelle ou deux. Il les avait frappés à distance, d’une façon qu’il ne comprenait pas. Il avait lutté jusqu’à la limite de ses forces, mais le combat physique dont il croyait se souvenir n’était qu’une transposition, une figuration… Il avait perdu connaissance en terrassant difficilement son dernier adversaire. Son évanouissement, lui, était réel.

La pluie tombait, fine, serrée et douce. Et glacée aussi. Rob avait froid. Il se secoua et découvrit sur ses épaules un vêtement qu’il n’avait jamais porté. Un peu plus tard, il comprit que Shriane lui avait donné sa cape. Maintenant il marchait entre elle et Betsi.

— Je crois que nous allons nous en tirer, dit la jeune Noire. Mais un de nos hommes s’est fait prendre et l’alerte a été donnée trop tôt. Heureusement, les Assaraws ne connaissaient pas tes capacités !

Il la comprenait moins bien qu’un moment plus tôt. Et il avait plus de difficultés à s’exprimer. Il chercha ses mots. Pendant une minute entière, il crut qu’il avait complètement oublié la langue assaraw. Les mots revinrent enfin. Il put former une phrase.

— Mes capacités ? Mais toi, tu les connaissais ? Et il put poser une question qui l’obsédait :

— Tu n’es pas assaraw ?

Autant qu’il put la saisir, la réponse lui parut sibylline.

— Je savais que tu venais d’une haute Terre. Les Assaraws sont loin de tout savoir sur le transit. Je suis une Assaraw, mais je suis aussi une voatrice…

Le commando arriva près d’un petit véhicule rond, camouflé dans les bois. Rob se demanda combien de personnes pouvaient embarquer dans la minuscule cabine qui venait d’apparaître sous le faisceau d’une lampe. Mais peut-être y avait-il un autre appareil. Impossible de deviner si c’était un véhicule terrestre ou aérien.

— Écoutez ! dit Betsi.

Shriane leva la main.

— Oui, tu as l’oreille fine. C’est un olumaw assaraw.

Olumaw ? Rob n’était pas tout à fait sûr d’avoir bien compris le mot. Un moment plus tard, le son le renseigna.

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